Respiration buccale chez les enfants : un enjeu majeur de santé publique

Mar 1, 2025 | Respiration

La respiration est une fonction vitale du corps humain. Elle devrait idéalement se faire par le nez, un organe conçu pour filtrer, humidifier et réchauffer l’air avant qu’il n’atteigne les poumons. Pourtant, de nombreux enfants développent une respiration buccale, avec des conséquences souvent sous-estimées sur leur santé et leur développement.

Une étude récente (voir plus bas) a révélé que 53,3 % des enfants respirent majoritairement par la bouche, mettant en lumière un problème de santé publique préoccupant. Explorons les causes de cette respiration buccale, ses effets négatifs et l’importance d’une prise en charge précoce.

Pourquoi certains enfants respirent-ils par la bouche ?

La respiration buccale survient souvent en raison d’une obstruction des voies aériennes supérieures, qui peut être causée par :

  • Une hypertrophie des amygdales ou des végétations adénoïdes : Bloquant partiellement ou totalement le passage de l’air par le nez.
  • Des allergies chroniques : Provoquant une inflammation des muqueuses nasales et une obstruction nasale fréquente.
  • Une déviation de la cloison nasale : Réduisant la capacité de respiration nasale.
  • Une mauvaise habitude respiratoire : Liée à des antécédents de succion du pouce ou d’utilisation prolongée de la tétine.

Si elle n’est pas corrigée à temps, cette respiration buccale peut entraîner des conséquences importantes sur la croissance et le développement de l’enfant.

Les effets négatifs de la respiration buccale

La respiration buccale prolongée affecte plusieurs aspects de la santé, allant de la structure faciale aux performances cognitives et physiques. Voici les principales conséquences de cette respiration délétère.

– Conséquences physiques et morphologiques

  • Visage allongé (long face syndrome) : La croissance du crâne et des mâchoires est affectée, donnant un aspect caractéristique au visage.
  • Cernes sous les yeux (97,5 % des enfants concernés) : Mauvaise oxygénation des tissus et stagnation du sang sous les yeux.
  • Lèvres sèches et hypotoniques (23,8 % des enfants concernés) : Les lèvres restent ouvertes, s’assèchent et perdent de leur tonicité. Philippe Coat, dentiste, interviewé dans le podcast “In the Air”
  • Narines étroites : L’absence de stimulation par l’air inspiré réduit leur développement.
  • Palais creux et étroit (38,8 % des enfants concernés) : Résultat d’une succion inadaptée de la langue, qui ne repose plus sur le palais.
  • Mauvaise occlusion dentaire (60 % des enfants concernés) : Augmentation des risques de béance antérieure et de malpositions dentaires.

– Altérations posturales et musculaires

  • Mauvaise posture générale : La position de la tête est projetée vers l’avant, provoquant des tensions au niveau du cou et du dos.
  • Faiblesse musculaire orofaciale : Une langue hypotonique et une mastication inefficace entraînent des problèmes digestifs et un retard de développement de la parole.

– Impact sur la respiration et l’oxygénation

  • Mauvaise filtration de l’air : L’air inspiré par la bouche n’est pas filtré, favorisant les infections ORL et pulmonaires.
  • Réduction du taux d’oxyde nitrique (NO) : La respiration nasale stimule la production de NO, un gaz aux effets vasodilatateurs et antibactériens qui optimise l’oxygénation.
  • Risque accru d’apnée du sommeil : Les enfants respirant par la bouche sont plus sujets aux pauses respiratoires nocturnes.

– Troubles du sommeil et fatigue chronique

  • Sommeil agité et non réparateur : Le manque d’oxygénation perturbe la qualité du sommeil, causant des réveils fréquents.
  • Somnolence diurne et manque d’énergie : L’enfant se sent fatigué en journée, ce qui impacte son apprentissage et ses activités physiques.
  • Ronflements et réveils nocturnes fréquents : Signes d’une mauvaise respiration nocturne.

– Conséquences cognitives et comportementales

  • Difficultés de concentration et baisse des performances scolaires : Une mauvaise oxygénation du cerveau nuit aux fonctions cognitives.
  • Hyperactivité et irritabilité : Parfois confondue avec un trouble de l’attention, la respiration buccale entraîne une agitation excessive.
  • Difficultés à la pratique sportive : Essoufflement rapide, fatigue musculaire précoce, moins bonne coordination motrice.

– Problèmes bucco-dentaires et ORL

  • Halitose (mauvaise haleine) : Une bouche sèche favorise la prolifération bactérienne.
  • Hypersalivation en parlant : L’absence de déglutition nasale régulière entraîne un excès de salive.
  • Inflammations fréquentes (angines, sinusites, otites) : L’air non filtré expose directement aux agents pathogènes.

Comment diagnostiquer et traiter la respiration buccale ?

– Détection précoce

Il est crucial d’identifier les enfants concernés dès leur plus jeune âge. L’observation est la clé. Regardez vos enfants, quand ils jouent, quand ils dorment, quand ils étudient, mais aussi quand ils regardent un écran, quand ils mangent…

Plusieurs tests simples permettent également de repérer un problème respiratoire :

  • Test du miroir : Placer un miroir sous les narines et observer la formation de buée. Si la buée est majoritairement en bas, la respiration est buccale.
  • Test de l’eau : L’enfant doit garder une gorgée d’eau en bouche pendant 3 minutes sans effort. Une incapacité à le faire suggère une respiration buccale.
  • Observation des signes cliniques : Visage allongé, cernes, lèvres sèches, posture de la tête avancée.

– Solutions et traitements

  • Rééducation respiratoire : Exercices pour renforcer la respiration nasale et améliorer la tonicité orofaciale – posture de la langue, “compétence” des lèvres, mouvement du diaphragme…
  • Consultation chez un ORL : Dépistage des causes sous-jacentes (obstruction nasale, amygdales hypertrophiées, déviation de la cloison).
  • Suivi orthodontique : Correction des déformations dentaires et palatines.
  • Travail postural et myofonctionnel : Avec un kinésithérapeute ou un orthophoniste pour rétablir une posture adéquate et une bonne fonction musculaire.
  • Utilisation de dilatateurs nasaux ou de dispositifs de contention nocturne (https://machouyou.com) : Pour favoriser la respiration nasale pendant le sommeil.

Un enjeu de santé publique

La respiration buccale chez les enfants est loin d’être anodine. Avec 53,3 % d’enfants concernés, ses conséquences vont bien au-delà d’une simple habitude et touchent le développement global de l’enfant. Une prise en charge précoce permet d’éviter des complications physiques, cognitives et sociales à long terme.

Parents, enseignants et professionnels de santé ont un rôle clé à jouer dans le dépistage et la prévention de cette problématique. Apprendre à bien respirer, c’est offrir aux enfants une meilleure santé, un sommeil réparateur et un potentiel cognitif optimal.

Si vous suspectez une respiration buccale chez votre enfant, n’hésitez pas à consulter un spécialiste. Une simple correction respiratoire peut avoir des effets transformateurs sur sa santé et son bien-être !

Etude scientifique: 

Effets de la respiration buccale sur les malocclusions et la posture mandibulaire : Conséquences complexes sur le développement dento-facial en orthodontie pédiatrique

Dana Feștilă¹, Cristina Dora Ciobotaru¹, Tudor Suciu¹, Cristian Doru Olteanu¹, Mircea Ghergie¹

La respiration buccale est un facteur de risque pour l’évolution des malocclusions, en particulier chez les enfants en croissance. Les modifications dento-faciales observées chez les respirateurs buccaux incluent un visage adénoïdien (caractérisé par un visage allongé, une mâchoire inférieure reculée, des narines étroites et des lèvres hypotoniques), un profil facial convexe (où le menton est en retrait par rapport au reste du visage, souvent associé à une croissance insuffisante de la mandibule) et une augmentation de la hauteur faciale inférieure. La respiration buccale entraîne également des modifications significatives de la posture crânienne, souvent accompagnées d’altérations mandibulaires, linguales et palatines.

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