Un volume clé pour la respiration et l’ancrage
La Capacité Résiduelle Fonctionnelle (CRF) est le volume d’air restant dans les poumons après une expiration passive. Elle représente un équilibre entre les forces élastiques de rétraction des poumons et l’expansion de la cage thoracique. Cette notion est essentielle dans le travail respiratoire, car elle constitue un état de repos naturel des poumons, exempt de tensions musculaires inutiles.
Dans l’approche développée à la Breathing Academy, la CRF est aussi appelée “Volume de Repos”, mettant en avant son importance dans l’ancrage, le ressourcement et la récupération du système nerveux. Cet état d’équilibre respiratoire est celui utilisé pour la mesure de l’Easy Breath Hold (ou BOLT Score, Body Oxygen Level Test), garantissant une reproductibilité optimale en raison d’un volume pulmonaire identique et de pressions partielles de gaz stables. C’est aussi un volume particulièrement intéressant pour le travail en hypercapnie (augmentation des pressions partielles de CO2) et en hypoxie (baisse des pressions partielles d’O2).
Les facteurs qui influencent la CRF
La CRF varie selon plusieurs paramètres physiologiques et mécaniques. Une posture inadéquate, une rigidité thoracique ou une activation excessive des muscles inspiratoires peuvent altérer cette valeur et compromettre la relaxation respiratoire.
1. L’impact de la posture et des tensions musculaires
L’une des causes majeures d’une augmentation excessive de la CRF est une posture où la cage thoracique est “distendue” ou “activée”, avec une ouverture exagérée des côtes et une élévation résiduelle du sternum au repos. Ce schéma, souvent observé chez des personnes en hyperventilation chronique (notamment chez les personnes stressées) ou en compensation posturale, empêche un retour complet au volume de repos pulmonaire.
Une cage thoracique distendue influence directement :
- La compliance pulmonaire : un manque de souplesse réduit l’efficacité des cycles respiratoires.
- Le tonus du diaphragme : un diaphragme en hypertonie ne permet pas un relâchement complet après expiration.
- L’équilibre du système nerveux : une respiration haute et rigide favorise l’hyperactivité du système sympathique (stress).
Inversement, une cage thoracique mobile et un diaphragme relâché permettent un retour optimal à la CRF, favorisant un état parasympathique propice à la récupération.
2. Facteurs morphologiques et physiologiques
La CRF est influencée par plusieurs paramètres physiologiques :
- L’âge : Avec le vieillissement, la perte d’élasticité des tissus pulmonaires augmente légèrement la CRF, rendant l’expiration moins efficace.
- La taille et le sexe : Les personnes plus grandes ont une CRF plus élevée. Les hommes ont en général une capacité pulmonaire plus importante que les femmes, mais ces dernières possèdent une meilleure capacité d’expansion thoracique, facilitant l’adaptation respiratoire (notamment durant la grossesse).
- La position du corps : La CRF diminue en position couchée (dorsale ou ventrale), ce qui peut entraîner une fermeture partielle des voies aériennes (atélectasie).
3. Influence des conditions physiopathologiques
Certaines conditions augmentent ou diminuent la CRF de manière significative :
- Obésité et grossesse : La pression exercée sur le diaphragme réduit la CRF et peut limiter la capacité respiratoire.
- Pathologies respiratoires : Les maladies restrictives (fibrose pulmonaire, cyphoscoliose) diminuent la CRF, tandis que les maladies obstructives comme l’emphysème l’augmentent en raison d’une hyperinflation pulmonaire.
- Effet de l’anesthésie : Les agents anesthésiques modifient la CRF en influençant la relaxation musculaire thoracique et diaphragmatique.
Optimiser la CRF : travail du relâchement et de la posture
Le retour à une CRF physiologique repose sur des approches combinées :
1. Libération du diaphragme et de la cage thoracique
- Exercices de relâchement diaphragmatique, en mettant l’accent sur l’expiration passive.
- Travail du tonus myofascial (auto-massages, points d’acupuncture, mobilisation des fascias).
- Exercices d‘expiration active forcée pour améliorer la mobilité thoracique
- Techniques de respiration nasale favorisant une expiration douce et contrôlée.
2. Rééducation posturale et respiratoire
- Travail sur l’alignement thoracique et cervical pour éviter une suractivation des muscles inspiratoires.
- Correction des schémas respiratoires inadaptés (respiration haute, blocages diaphragmatiques).
- Renforcement du lien entre respiration et présence consciente, avec des pratiques intégrant la respiration consciente et la pleine présence corporelle.
La CRF, une clé pour l’harmonie respiratoire
La Capacité Résiduelle Fonctionnelle (CRF) est bien plus qu’un simple volume pulmonaire. C’est un marqueur d’équilibre respiratoire, un témoin de la souplesse du diaphragme et un indicateur de l’état parasympathique du corps.
L’optimisation de la CRF passe par un travail sur la posture, le relâchement musculaire et une respiration fluide, afin d’atteindre un état d’ancrage et de ressourcement optimal.
Questions/Réponses :
1. Qu’est-ce que la Capacité Résiduelle Fonctionnelle (CRF) ?
La CRF est le volume d’air restant dans les poumons après une expiration passive. Elle représente un équilibre entre la rétraction élastique des poumons et l’expansion de la cage thoracique.
2. Pourquoi la CRF est-elle importante dans le travail respiratoire ?
Elle constitue un état de repos naturel des poumons, facilitant l’ancrage et la relaxation. Elle est aussi utilisée comme référence pour des tests comme le BOLT Score, garantissant des mesures reproductibles.
3. Quels sont les facteurs qui influencent la CRF ?
- Posture : Une cage thoracique trop ouverte ou rigide augmente la CRF.
- Âge : Avec le vieillissement, la perte d’élasticité pulmonaire augmente légèrement la CRF.
- Taille et sexe : Une personne grande ou un homme aura une CRF plus élevée.
- Position du corps : La CRF diminue en position couchée, ce qui peut favoriser l’atélectasie.
- Conditions physiopathologiques : L’obésité, la grossesse, l’emphysème ou certaines maladies pulmonaires peuvent modifier la CRF.
4. Quelle est la relation entre la CRF et le système nerveux autonome ?
Une CRF optimale favorise l’activation du système parasympathique, aidant à la récupération et à la détente. En revanche, une cage thoracique en expansion résiduelle stimule le système sympathique, ce qui peut générer du stress et altérer la respiration.
5. Comment optimiser la CRF pour une meilleure respiration ?
- Relâcher le diaphragme par des exercices d’expiration passive et de relaxation myofasciale.
- Corriger la posture pour éviter l’hyperactivité des muscles inspiratoires.
- Respirer par le nez afin de stabiliser le rythme respiratoire et améliorer l’équilibre gazeux.
Références Scientifiques
Physiologie et Mécanique Respiratoire
- West, J. B. (2012). Respiratory Physiology: The Essentials. Lippincott Williams & Wilkins.
- Levitzky, M. G. (2013). Pulmonary Physiology. McGraw-Hill Education.
- Lumb, A. B. (2016). Nunn’s Applied Respiratory Physiology. Elsevier.
Influence de la Posture et du Diaphragme sur la Respiration
- Kolar, P. (2010). Postural-respiratory function and diaphragm activation. Journal of Bodywork and Movement Therapies, 14(4), 336-345.
- Hodges, P. W., Gandevia, S. C. (2000). Activation of the human diaphragm during postural adjustments. The Journal of Physiology, 522(Pt 3), 653-662.
Effet de l’Hyperinflation et des Maladies Pulmonaires
- O’Donnell, D. E., Webb, K. A. (2008). The major limitation to exercise performance in COPD is dynamic hyperinflation. Journal of Applied Physiology, 105(2), 753-755.
- Wanger, J. (2005). Lung volumes and forced ventilatory flows. European Respiratory Journal, 26(1), 153-161.
CRF et Système Nerveux Autonome
- Lehrer, P. M., Gevirtz, R. (2014). Heart rate variability biofeedback: how and why does it work?. Frontiers in Psychology, 5, 756.
- Porges, S. W. (2011). The Polyvagal Theory: Neurophysiological Foundations of Emotions, Attachment, Communication, and Self-Regulation. W. W. Norton & Company.
Respiration, Relaxation et Ancrage
- Jerath, R., Beveridge, C. (2009). Respiration, emotions, and the autonomic nervous system. Annals of the New York Academy of Sciences, 1172(1), 54-62.
- Streeter, C. C., Gerbarg, P. L., Saper, R. B., Ciraulo, D. A., Brown, R. P. (2012). Effects of yoga on the autonomic nervous system, gamma-aminobutyric-acid, and allostasis in epilepsy, depression, and post-traumatic stress disorder. Medical Hypotheses, 78(5), 571-579.