…… Votre consultation menée par le bout du nez….
Saviez-vous que la respiration nasale vous permet d’accéder rapidement à la zone nerveuse, dite para-sympatique, propice au calme, à la récupération, à la réparation ?
Que diriez-vous d’utiliser cette capacité, sous différents aspects, pour accueillir vos patients,
créer les conditions idéales pour une consultations et ainsi optimiser vos séances ?
Voici les conseils d’expert de Stéphane Janssoone, spécialiste de la respiration, auteur du livre : « La respiration bien plus qu’une fonction naturelle» et fondateur de la Breathing Academy.
Il nous conseille d’utiliser les nombreuses fonctions du nez : sentir, ressentir, ventiler, filtrer, réguler….
« Ce n’est pas seulementt un organe de la respiration ou du sens olfactif, c’est également un accès direct à notre espace mental de bien-être par l’exercice d’une respiration nasale lente et douce ».
Voici quelques-unes de ses propositions simples pour stimuler la respiration nasale, sachant qu’une seule longue inspiration initie déjà un peu plus de sérénité.
Accueillir :
Votre salle d’attente est sans doute déjà un espace calme, ventilé, avec un bon taux d’humidité, tempéré.
Pourquoi ne pas placer une image de grands espaces dégagés devant laquelle on peut inconsciemment avoir envie de prendre une bonne inspiration comme pour s’installer dans l’endroit ?
Il peut s’avérer complémentaire de diffuser une sélection d’huiles essentielles stimulantes pour faire quelques bonnes inspirations réconfortantes. On remarque de manière systématique que ces huiles odorantes incitent à sentir, donc à respirer par le nez.
On peut les diffuser avec un nébuliseur (exclusivement pour les huiles essentielles) ou un brumisateur qui peut également servir à rendre l’atmosphère plus respirable s’il fait sec. Certaines huiles sont particulièrement recommandées pour la sphère pulmonaire comme : l’huile essentielle d’Eucalyptus mentholé, de Niaouli, d’Eucalyptus globulus ou de Sapin de Sibérie. D’autres huiles peuvent être choisies pour leurs propriétés apaisantes comme l’ylang ylang, la camomille romaine, ou la lavande vraie, histoire de profiter de plusieurs bienfaits à la fois.
L’obligation du port du masque a pu déclencher quasi systématiquement une respiration buccale. Maintenant que les consignes sanitaires le concernant sont levées, reprenons de bonnes habitudes respiratoires et favorisons la respiration nasale.
Voici quelques avantages-santé à respirer par le nez à présent :
Meilleure oxygénation, meilleure fonction pulmonaire, meilleure filtration parmi tant d’autres bénéfices.
En effet, le nez recèle de nombreuses autres fonctions annexes comme produire un gaz étonnant : l’oxyde nitrique qui est un vasodilatateur pour nos artères. On peut comprendre l’opportunité de conduire l’oxygène le plus loin possible dans les tissus et ainsi favoriser une stimulation et une réparation.
Une autre astuce pourrait être d’imprimer cette image qui illustre la technique de la cohérence cardiaque. Stéphane Janssoone nous explique que cette respiration rythmée et lente permet de réguler le rythme cardiaque et donc d’apaiser. Cette technique peut se pratiquer partout à condition de se concentrer, d’inspirer par le nez et d’expirer par la bouche sur une même durée de 5 à 6 secondes par cycle.
Les vertus de la cohérence cardiaque ne sont plus à démontrer.
Petite astuce : on peut également afficher un QRcode – les gens sont familiers avec le concept – qui les envoie vers une animation de 5 mn de cohérence cardiaque s’ils possèdent un smart phone. Cette opération de création de QRcode est rapide et gratuite sur internet
Recevoir :
Le patient arrive parfois un peu essoufflé, inquiet, il n’est sans aucun doute pas dans les conditions mentales idéales pour recevoir votre soin. Quelques éléments peuvent confirmer cet état : vous pouvez également en juger d’après son rythme respiratoire : au-delà de 15 à 18 respirations par minute, s’il utilise exclusivement une respiration buccale, si vous observez que seul le haut de sa cage thoracique bouge, alors vous pouvez aussi déduire qu’un petit temps pour revenir en « zone calme » ou parasympatique est indispensable.
Tout d’abord, grâce à une bonne synchronisation avec votre patient, vous saurez lui proposer de caler son rythme sur le vôtre. Montrez une bonne inspiration nasale et une longue expiration buccale. Ainsi, en agissant en guide, vous permettez que sa respiration influence son rythme cardiaque en le ralentissant doucement.
Ensuite, vous pouvez l’inciter à poursuivre avec une « respiration parachute ». Voici ce que nous avons repris du livre :
Assis, le dos bien droit, une bonne inspiration nasale de 4 ou 5 secondes puis une expiration buccale qui est un grand relâchement de la bouche, des joues, de la cage thoracique, et justement un relâchement de la structure même des poumons. Puis, une petite rétention en fin d’expiration.
Chaque séance de kinésithérapie peut être l’occasion d’utiliser subtilement la respiration nasale pour potentialiser la séance. Sans doute avez-vous observé combien certains exercices sont plus efficaces lorsqu’ils sont activés par une longue expiration.
Optez pour une expiration nasale afin de continuer à stimuler la zone de calme.
C’est une excellente manière de vérifier également le ralentissement de la fréquence respiratoire.
Proposez de tenter aussi une respiration qui mobilise le ventre : la respiration abdominale :
C’est une technique de respiration lente consistant à respirer en gonflant le ventre à l’inspiration. Le patient place une main sur le ventre, l’autre sur la poitrine, pour mieux sentir les va-et-vient de la respiration. Il inspire profondément par le nez en gonflant le ventre le plus possible. Ainsi le diaphragme descend en poussant les organes de la digestion en les massant à chaque cycle. Cela permet aux poumons de se déployer davantage.
Le patient peut faire un petit temps d’apnée de quelques secondes puis expirer lentement par la bouche.
Cette technique apporte un confort abdominal important en mobilisant de manière souple et régulière le diaphragme.
- Ancrer le bien-être avec une longue expiration.
Certains praticiens sont familiers avec la technique de l’ancrage.
Un codage associé à un état interne. On peut déclencher un réflexe conditionnel après un processus d’apprentissage ou de soin. Associé à la respiration, l’ancrage kinesthésique ( celui du toucher, du mouvement, de l’émotion ) peut alors devenir un tremplin vers l’état de soulagement, de bien-être atteint dans votre cabinet.
Ainsi la personne est invitée à ré activer de longues expirations afin d’expérimenter à nouveau l’état acquis.
Les astuces évoquées peuvent subtilement conditionner la respiration nasale, et inconsciemment permettre un ralentissement du rythme, donc établir une véritable voie d’amélioration possible pour vos patients.
Prescrire :
Le moment de quitter le cabinet est souvent une bonne option pour proposer un travail respiratoire personnel en lien avec la séance. Afin de prolonger les bénéfices de l’état généré par les progrès kinés et le calme obtenu, voici quelques suggestions ciblées que vous pouvez évoquer. Celles-ci sont directement liées à la respiration et à son pouvoir sur le système para-sympatique.
Proposez une attention respiratoire tout au long de la journée :
- Respiration de réveil
Le matin, avant de réaliser l’exercice dans votre lit, vous pouvez boire un verre d’eau (à déposer sur votre table de chevet la veille) afin de compenser les pertes hydriques de la nuit. Puis, tournez-vous sur un côté en position foetale. Inspirez pleinement en allongeant les jambes et les bras, en étendant la colonne vertébrale et en ouvrant la cage thoracique.
Démarrez l’inspiration au niveau de l’abdomen puis mobilisez la poitrine.
Le mouvement est lent pour permettre au corps de se réveiller et faciliter le remplissage complet des poumons.
Expirez, d’abord naturellement, puis en vous recroquevillant sur vous-même pour expulser le plus d »air possible.
Vous pouvez tousser légèrement à la fin.
Recommencez 3 ou 4 fois.
Puis allongez-vous sur le dos quelques secondes.
Observez vos sensations et ramenez la respiration à un rythme naturel.
- Proposer une respiration en conscience le plus souvent possible dans la journée afin de réguler le système nerveux. Celle-ci doit être calme et longue sur l’expiration.
- Respiration Nadi Shodana ou la respiration alternée est une pratique respiratoire puissante, empruntée au yoga.
Nadi est un mot sanskrit qui signifie «canal» ou «flux» et shodhana signifie «purification». Traditionnellement, il est dit que nadi shodhana vise principalement à dégager et à purifier les canaux énergétiques tout en équilibrant les aspects masculins et féminins. C’est une respiration calmante.
Voici comment procéder : Choisissez une position confortable qui laisse le dos bien droit puis fermez les yeux, placez votre paume de main droite face à votre visage puis mettez l’index et le majeur entre les sourcils. Bloquez votre narine droite avec votre pouce dans une prenez une douce inspiration par la narine gauche. Échangez la position des doigts : bloquez la narine gauche avec l’annulaire, soulevez le pouce, libérez la narine droite en soufflant doucement. Puis inspirez lentement par la narine droite, bloquez la narine droite et soufflez par la narine gauche. Pratiquez cette alternance au moins cinq minutes.
- Des promenades en forêt ou sylvothérapie sont également propices à respirer par le nez et sentir les odeurs des sous-bois. Certaines molécules volatiles, les terpènes, sont des éléments odorants produits par de nombreuses plantes, particulièrement les résineux qui stimulent le système immunitaire en augmentant le nombre de cellules tueuses dans le corps et pas seulement à court terme. Une étude japonaise de 2015, prouve le lien entre le « bain de forêt » et l’amélioration de l’état d’enfants asthmatiques. Outre le fait de la mobilisation par la marche, la régulation de la respiration régule le système vasculaire qui stimule la réparation tissulaire.
- Vous pouvez évoquer aussi le fait qu’une respiration douce et régulée est appropriée à installer avant les repas afin d’éviter de manger trop et trop rapidement. Quelques minutes de cohérence cardiaque peuvent suffire pour en sentir les bénéfices. Pour suivre ce rythme de nombreuses applications existent, il n’y a plus qu’à se laisser guider.
- Stéphane Janssoone nous confie les explications à propos de la « Respiration 4-7-8 » pour s’endormir. « Celle-ci, créée par le Dr Andrew Weil, semble être comme un tranquillisant naturel pour le système nerveux. La technique est simple : allongez-vous dans votre lit. Placez le bout de votre langue contre le haut du palais, à l’arrière des dents de devant. Vous devez maintenir votre langue en place tout au long de la pratique de sorte que le flux de l’air soit suffisamment ralenti. Si c’est difficile, vous pouvez pincer vos lèvres pour le même effet. D’abord, expirez complètement par la bouche, puis inspirez silencieusement par le nez et avec le diaphragme, en comptant 4 secondes dans votre tête. Retenez votre souffle pendant 7 secondes. Expirez par la bouche pendant 8 secondes en vous détendant. Recommencez 4 à 8 fois. Si vous êtes néophyte, sachez que vous pouvez vous sentir un peu étourdi au départ. Démarrez par 4 respirations et augmentez progressivement la durée ».
Autre technique suggérée pour favoriser la respiration nasale pendant le sommeil : dormir avec un sparadrap sur la bouche.
La respiration peut accompagner les effets de votre consultation du début à la fin, comme un fil rouge subtil. Cette invitation peut permettre une meilleure conscience et présence de vos patients. Ainsi, mieux ancrés dans cette zone para sympatique, ils seront plus investis dans leurs soins.
Gageons qu’elle pourrait inspirer un nouveau souffle d’air frais dans votre pratique.
Géraldine FRETTE
Breathing Academy