Les bienfaits insoupçonnés de l’apnée : quand retenir son souffle devient un atout pour la santé

Sep 2, 2025 | Respiration

L’apnée, souvent associée au monde fascinant de la plongée libre, est bien plus qu’une performance spectaculaire sous l’eau.

Retenir son souffle, pratiquer des exercices spécifiques et explorer ses limites respiratoires peuvent aussi avoir des effets remarquables sur la santé et le bien-être. Une méta-revue récente a rassemblé les travaux scientifiques sur le sujet, révélant un large éventail de bénéfices physiologiques, psychologiques et même thérapeutiques.

Améliorer les capacités pulmonaires et la condition physique

Plusieurs études ont montré que l’entraînement à l’apnée peut transformer le fonctionnement respiratoire.

Fernandez (2019) a ainsi observé qu’un programme de plongée en apnée incluant de l’activité physique augmentait la capacité vitale (VC) et la consommation maximale d’oxygène (VO2max). Autrement dit, non seulement les poumons deviennent plus efficaces, mais l’ensemble du corps apprend à mieux utiliser l’oxygène.

Dans la même lignée, Bhardwaj (2021) a démontré qu’un mois d’exercices respiratoires diaphragmatique améliorait significativement le débit expiratoire de pointe (PEFR) et la durée de l’apnée (BHT). Le diaphragme, muscle clé de la respiration, joue donc un rôle central dans cette progression.

Le mental : un allié décisif

Retenir son souffle, c’est aussi un exercice psychologique. La recherche montre que l’imagerie mentale (mental imagery) peut booster la performance : en visualisant des scénarios cohérents (ou même incongrus), les pratiquants améliorent leur capacité d’apnée. Barwood (2006) a par ailleurs souligné que des interventions psychologiques combinant fixation d’objectifs, gestion de l’activation, imagerie mentale et auto-discours positif peuvent influencer fortement les réponses respiratoires, notamment en immersion en eau froide – une situation où la survie dépend directement de la gestion du stress et de la respiration.

Des adaptations physiologiques uniques

L’entraînement en apnée ne se limite pas à la respiration. Une étude de Kun Yang (2022) a montré qu’après huit semaines de pratique d’apnée dynamique à sec, la rate augmentait de taille et le nombre de plaquettes circulantes diminuait chez les athlètes. Ces adaptations contribuent à optimiser le transport et la gestion de l’oxygène dans le corps.

Lors des plongées, l’organisme déclenche des réponses autonomes ancestrales : bradycardie (ralentissement cardiaque), vasoconstriction périphérique et contraction splénique. Ces mécanismes permettent d’économiser l’oxygène et d’allonger la durée de l’apnée.

Des bénéfices cliniques prometteurs

Au-delà du sport, les exercices d’apnée trouvent une place dans la santé respiratoire. Des études rapportent des améliorations notables chez des patients souffrant d’asthme, de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et même chez des patients atteints de cancer.

Ces bénéfices se traduisent par :

  • une baisse de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle,
  • une amélioration de la fonction respiratoire,
  • une réduction de la fréquence et de la gravité des crises (notamment chez les asthmatiques),
  • une diminution de la consommation de médicaments,
  • et une meilleure qualité de vie globale.

Apnée et performance : une forme d’entraînement extrême

Les apnéistes s’exposent régulièrement à l’hypoxie (manque d’oxygène) et à l’hypercapnie (excès de CO₂). Cette exposition répétée semble induire des adaptations spécifiques, comme une meilleure tolérance au manque d’oxygène et une réponse ventilatoire atténuée face à l’accumulation de CO₂. Ces mécanismes pourraient expliquer pourquoi l’apnée est de plus en plus étudiée comme une modalité d’entraînement complémentaire, parfois comparée à l’hypoxie intermittente.

Une étude a même montré que l’entraînement en apnée réduisait plus rapidement le temps de récupération de la saturation en oxygène (SpO₂) qu’un protocole classique de HIIT (High-Intensity Interval Training).

Un sport extrême qui exige prudence et encadrement

La plongée libre est l’un des sports les plus anciens et les plus extrêmes : descendre en apnée, sans respirateur, c’est se confronter directement à ses limites physiologiques. Si les bénéfices sont indéniables, les risques le sont aussi. Sans préparation, sans encadrement et sans mesures de sécurité, la pratique peut entraîner des accidents graves, voire mortels.

La clé réside donc dans un apprentissage progressif, un encadrement compétent et une pratique responsable. Comme le souligne la revue, l’apnée doit être vue à la fois comme un outil puissant pour améliorer la santé et comme une discipline exigeante nécessitant prudence et respect des règles de sécurité.

En conclusion

L’apnée ne se résume pas à retenir son souffle sous l’eau. C’est une école du corps et de l’esprit, qui entraîne la respiration, le système cardiovasculaire, la gestion du stress et même certaines fonctions psychologiques profondes. La science confirme aujourd’hui ce que les apnéistes pressentaient depuis longtemps : cette pratique, lorsqu’elle est bien encadrée, peut améliorer la santé, la performance et la qualité de vie.

Retenir son souffle, oui, mais pas son enthousiasme : l’apnée est un art du vivant qui ouvre des horizons bien au-delà des profondeurs.

FAQ sur les bienfaits de l’apnée

L’apnée est-elle dangereuse ?
L’apnée pratiquée sans encadrement ou en compétition comporte des risques importants (syncope, accidents graves, voire mortels). Mais encadrée et réalisée dans un cadre progressif et sécurisé, elle devient une pratique bénéfique pour la santé et la performance.

Quels sont les principaux bienfaits de l’apnée ?
L’apnée améliore la capacité pulmonaire, l’efficacité de l’utilisation de l’oxygène, la tolérance au CO₂ et la gestion du stress. Elle renforce également le diaphragme, stimule le système cardiovasculaire et favorise des adaptations physiologiques uniques, comme la contraction splénique.

L’apnée peut-elle aider les personnes asthmatiques ?
Oui. Des études montrent une amélioration de la fonction respiratoire, une réduction de la fréquence et de la gravité des crises, ainsi qu’une diminution de la prise de médicaments. L’apnée peut donc être un outil complémentaire utile, sous supervision médicale.

Est-ce que l’apnée est réservée aux sportifs de haut niveau ?
Non. Même si elle est spectaculaire en plongée libre, l’apnée peut être pratiquée par des personnes en bonne santé, progressivement et à sec (hors de l’eau). Elle est d’ailleurs intégrée dans des disciplines comme le yoga (pranayama) et accessible à tous.

Quels liens entre apnée et performance sportive ?
L’entraînement en apnée expose le corps à des phases d’hypoxie et d’hypercapnie, ce qui améliore la tolérance à l’effort, la récupération et la régulation du rythme cardiaque. Elle est parfois utilisée comme outil complémentaire à l’entraînement d’endurance ou en préparation mentale.

Puis-je m’entraîner seul à l’apnée ?
Il est fortement déconseillé de pratiquer l’apnée aquatique seul. En revanche, certains exercices respiratoires ou d’apnée à sec peuvent être réalisés en autonomie, à condition d’être bien informé et d’y aller progressivement.

Découvrez aussi l’apnée à travers l’épisode 9 du Podcast In The Air avec Christian Vogler, manager du team Abyss.

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